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La culture de la peur

 

 

Commentaire du webmaster: Et ils le font pour tout,
le terrorisme, les sectes, etc...

Publié le 23 mai 2009 à 09h14 | Mis à jour le 23 mai 2009 à 09h15

La culture de la peur

http://www.cyberpresse.ca/opinions/editorialistes/mario-roy/200905/23/01-859148-la-culture-de-la-peur.php

Nous publions le premier de trois éditoriaux sur la culture de la peur.

On ne saura probablement jamais quel danger réel a présenté et présente
le virus de la grippe porcine. Selon le dernier décompte, 80 personnes
en sont mortes sur la planète - moins de 10 en dehors du Mexique - en un
peu plus d'un mois. Par comparaison, les statistiques indiquent que,
seulement en Amérique du Nord, au moins 2500 citoyens sont décédés de la
grippe «ordinaire» au cours de la même période. Et 80 se sont étouffés à
mort en mangeant!

Ce qu'on peut cependant quantifier, c'est la vague de terreur qu'a
déclenchée ce virus.

Deux des plus prestigieux newsmagazines internationaux ont titré
simultanément: «Jusqu'à quel point être effrayés?» (The Economist, sur
une page ornée de la Mort avec sa faux); «La peur et la grippe»
(Newsweek, en caractères de cinq centimètres). Des hôtels de Cancún, au
Mexique, doivent offrir des «garanties» contre la grippe pour repeupler
leurs chambres, que la peur a vidées. Comme des bouées de sauvetage, de
petits distributeurs de produit antiseptique apparaissent dans les
endroits les plus improbables. En 30 jours, les grands médias canadiens
(un seul mort attribuable au virus H1N1 au pays) ont consacré plus de 15
000 articles et reportages à la grippe portant sombrero...

La peur panique de la maladie, aussi extrême soit-elle, n'est pourtant
que l'une des grandes frayeurs (les autres étant la peur de la violence
et celle de la technologie) qui affligent, handicapent et même
paralysent à l'occasion nos sociétés. Lesquelles sont paradoxalement, et
de très loin, les plus saines, les plus pacifiques et les plus
sécuritaires que l'humanité ait connues. Les Canadiens peuvent espérer
vivre jusqu'à 80,3 ans en moyenne, 83,8 pour les femmes, du jamais vu
dans l'histoire. Mais ils n'atteindront cet âge vénérable qu'après avoir
été malades d'inquiétude pendant une bonne partie de leur existence...

Une des cultures dominantes du XXIe siècle, inaugurée par la terreur - a
posteriori, ô combien ridicule! - du bogue de l'an 2000, est celle de la
peur.

Donnez-nous aujourd'hui notre frayeur quotidienne, implore-ton.

****************

Malade d'inquiétude, c'est précisément le titre d'un ouvrage du médecin
américain Nortin M. Hadler (Worried Sick, non traduit en français). Il
est également l'auteur de Le Dernier des bien portants. Cet ultime être
humain en santé est en passe de devenir une personnalité mythique
puisqu'il ne reste plus que deux sortes de gens: les malades et les
malades en devenir.

Tout - absolument tout - est cancérigène, comme le démontrent
quotidiennement de nouvelles études, infailliblement «alarmantes».
S'alimenter sainement devient une corvée encadrée de mises en garde
terrorisantes. Le malaise le plus banal provoque la panique. «Grisonner
est-il une maladie? Je ne fais pas le comique...», ironise Hadler: en
effet, ça le deviendra sans doute un jour, cette nouvelle «maladie»
amenant encore de l'eau à la vague actuelle de médicalisation, sans
précédent!

Le bon docteur démontre que la peur de la maladie camoufle en fait le
refus du vieillissement et de la mort. C'est ce qu'il appelle le
« complexe de Mathusalem». Or, rappelle-t-il, «le taux de mortalité est
de 100% pour tout le monde». Toutes les générations précédentes étaient
parvenues à appréhender avec une certaine sérénité cet inéluctable
destin. Nous n'en sommes plus capables.

À la place, nous tremblons de peur.

 



 


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