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Au président de l’État d’Israël
et au directeur du Mémorial de Yad
Vashem.
jeudi 26 février 2009
Par Michaël Neumann et Osha Neumann
Selon l’exemple de Jean-Moise Braitberg [1], nous exigeons
que le nom
de notre grand-mère soit retiré du mur de Yad Vashem.
Son nom est
Gertrud Neumann. Vos archives disent qu’elle est née
le 6 juin 1875 à
Kattowitz et mourut au camp de concentration de Terezín
(Theresienstadt
en allemand, aujourd’hui en république Tchèque).
M. Braitberg a fondé sa requête sur d’excellentes
raisons et sur un
témoignage personnel éloquent. Ses paroles frappent
l’imagination, mais
elles vous donnent - ainsi qu’à ceux qui vous soutiennent
- trop
d’importance. Je serais donc bref. S’il vous plait,
considérez cette
lettre comme l’expression de mon dégoût et de
mon mépris pour votre État
et tout ce qu’il représente.
Notre grand-mère fut la victime de ce même idéal
de souveraineté
ethnique, cause pour laquelle Israël a depuis de si longtemps
répandu
tant de sang. J’ai fait partie de ces nombreux Juifs qui
embrassèrent
cet idéal sans état d’âme, malgré la
souffrance qu’il infligea à notre
propre race. Il aura fallu la mort de milliers de Palestiniens
avant que
je réalise enfin notre folie.
Notre complicité fut méprisable. Je ne croîs
pas que le peuple Juif, au
nom duquel vous commettez tant de crimes avec une telle satisfaction,
puisse jamais se débarrasser de la honte que vous jetez
sur nous. La
propagande Nazie, malgré toutes ses calomnies, n’a
jamais discrédité ni
corrompu les Juifs ; vous avez réussi à le faire.
Vous n’avez même pas
le courage de prendre vos responsabilités pour vos propres
actes de
sadisme : avec une insolence inégalée vous vous présentez
comme le
porte-parole de toute une race, comme si votre existence même
légitimait
votre conduite. Et vous salissez nos noms non seulement par vos
actes,
mais par les mensonges, les fausses excuses, l’arrogance
suffisante, et
le côté moralisateur dont vous enrobez votre histoire.
Pour terminer, vous donnerez aux Palestiniens un succédané d’état.
Vous
ne serez jamais puni pour vos crimes et continuerez à vous
auto
congratuler, à vous bercer de l’illusion de votre
grandeur morale. Mais,
avant d’en arriver là, vous continuerez de tuer, tuer
et tuer encore,
juste pour assouvir votre brutalité d’enfant gâté.
Notre grand-mère à
assez souffert durant sa vie. Ne l’associez pas à ces
horreurs
maintenant qu’elle est morte.
Michael Neumann
Je me joins à mon frère Michael Neumann, pour exiger
que toute référence
à
notre grand-mère soit effacée de Yad Vashem, le mémorial
de
l’Holocauste.
J’ai visité ce mémorial. Ses bâtiments,
ses cours pavées et ses places
recouvrent avec autorité des milliers de mètres carrés
de paysage. Il
met en scène l’Holocauste, prélude à la
création de l’État d’Israël. Il
statufie la Mémoire des Camps de la Mort et les préserve
comme Trésors
Nationaux. Ce Trésor n’appartient pas à Israël.
Ce n’est un Trésor que
s’il sert de Souvenir pour ne jamais autoriser aucune Nation à réclamer
en faveur de son peuple élu, une exemption à la morale
et à la décence.
Israël a transformé l’Holocauste en une excuse
pour perpétrer encore
plus de sacrifices. Il a dépensé le trésor
de sympathie du monde pour
les victimes de l’Holocauste en essayant vainement de s’en
protéger
contre toute critique quand il massacre et torture les Palestiniens
et
les écrase sous le joug d’une occupation brutale.
Je ne souhaite pas que
la mémoire de ma grand-mère soit enrôlée
dans ce projet illégitime.
J’ai grandi en croyant que les Juifs étaient un groupe
ethnique dont la
mission historique était de transcender l’ethnicité dans
un front uni
contre le Fascisme. Etre Juif, c’était être
anti-Fasciste. Il y a
longtemps, Israël m’a sorti de mon sommeil dogmatique
au sujet de cette
relation immuable entre les Juifs et les Fascistes. Il a réalisé une
fusion entre des images de Juifs tortureurs et criminelles de guerre
et
celles des victimes émaciées des camps de concentration.
Je trouve ce
mélange obscène. Je ne veux pas en faire partie.
Vous avez perdu le
droit d’être les gardiens de la Mémoire de ma
grand-mère. Je ne veux pas
que Yad Vashem soit son mémorial.
Osha Neumann
Michael Neumann est professeur de philosophie à l’Université
du Canada. Il est l’auteur de "What’s Left : Radical
Politics and the
Radical Psyche" et de "The Case Against Israel".
Il a aussi participé à
l’essai "What is Anti-Semitism " et au livre de
CounterPunch," The
Politics of Anti-Semitism". On peut le joindre à :
mneumann@live.com
Osha Neumann est procureur de la défense à Berkeley
et l’auteur de "Up
Against the Wall MotherF**ker : a Memoir of the 60s with Notes
for Next
Time".
counterpunch.org
Traduction Laurent Emor pour legrandsoir.info
[1] La lettre de Braitberg en français peut être
trouvée à : altermonde-sans-frontiere |