Progression des cultures d'OGM dans le monde
http://www.lefigaro.fr/sciences/20060113.FIG0153.html?132736
Biotechnologies Les surfaces cultivées avec des plantes
transgéniques sont
en forte croissance dans les pays en voie de développement.
Marc Mennessier [13 janvier 2006]
DIX ANS après leur lancement, les cultures de plantes génétiquement
modifiées (PGM) n'en finissent pas de progresser. Même
si la hausse s'est
ralentie, leurs surfaces ont encore augmenté de 11% l'an
passé par rapport à
2004, avec un total de 90 millions d'hectares (ha) répartis
dans 21 pays,
selon les chiffres publiés avant-hier par l'Isaaa, une fondation à but
non
lucratif soutenue en partie par les sociétés de biotechnologies.
Les principales productions concernées sont avant tout le
soja (60% des
superficies totales), le maïs (24%), le coton (11%) et le
colza (5%). Il
s'agit dans l'ensemble de variétés résistantes à un
herbicide ou capables de
sécréter une molécule insecticide (le Bt) à même
de les protéger contre
certains ravageurs.
8,5 millions d'agriculteurs d'OGM
Toujours d'après l'Isaaa, 8,5 millions d'agriculteurs ont
eu recours l'an
passé à ces OGM, soit 250 000 de plus qu'en 2004,
principalement dans les
pays en développement. «Les cultures transgéniques
ont accru les revenus de
7,7 millions de fermiers pauvres de Chine, d'Inde, d'Afrique du
Sud et des
Philippines», se félicite, dans un communiqué,
le Canadien Clive James,
président-fondateur de l'Isaaa dont l'une des missions consiste à promouvoir
l'utilisation des PGM dans les pays du Sud.
En Chine, 6,4 millions de paysans ont ensemencé quelque
3,3 millions
d'hectares de coton Bt, soit une moyenne de 0,5 ha par exploitation.
En
Inde, les surfaces ont quasiment triplé en un an passant
de 500 000 à 1,3
million d'ha cultivés par un million d'agriculteurs pour
la plupart très
modestes. Même scénario en Afrique du Sud, où la
culture de coton Bt est
surtout le fait de petits planteurs.
Mais c'est au Brésil que l'Isaaa enregistre la plus forte
hausse en volume
avec 9,4 millions d'ha de soja contre 5 millions en 2004 (+ 88%).
Un chiffre
qui place ce pays devant le Canada (5,8 millions) et la Chine,
mais loin
derrière l'Argentine (17,1 millions) et surtout les Etats-Unis
(49,8
millions d'ha) qui représentent à eux seuls plus
de la moitié des surfaces
toutes cultures confondues.
Globalement la croissance est cependant moins forte que les années
précédentes (11% contre 20% en 2004) : certains pays
comme les Etats-Unis,
dont 90% du soja est transgénique, ont quasiment fait le
plein et d'autres,
comme ceux de l'Union européenne sont réticents.
Quatre nouveaux pays se sont néanmoins lancés en
2005 sur de petites
superficies (moins de 50 000 ha). Il s'agit du Portugal, de la
France (voir
ci-dessous), de la République tchèque et de l'Iran.
La République islamique a implanté un peu plus de
40 000 ha de riz
transgénique, devenant ainsi le premier pays au monde à recourir à des
variétés génétiquement modifiées
de cette céréale qui est à la base de
l'alimentation de 1,3 milliard d'êtres humains parmi les
plus démunis.
«Le riz biotech pourrait contribuer de manière substantielle
au formidable
défi du millénaire lancé par les Nations unies
consistant à réduire la
pauvreté, la faim et la malnutrition de 50% d'ici à 2015»,
a déclaré Clive
James lors d'une téléconférence en soulignant
que la Chine s'apprête à
approuver à court terme des variétés de riz
transgénique.
L'association écologiste, les Amis de la Terre, a aussitôt
qualifié le
rapport de l'Isaaa d'opération de «pure propagande» estimant
que «ces dix
années ont montré que la sûreté des
OGM ne peut pas être assurée et que ces
cultures ne sont ni moins chères ni de meilleure qualité.»
Pour autant, aucun problème d'ordre sanitaire ou environnemental
n'a été
détecté à ce jour dans les pays où les
cultures transgéniques sont
massivement utilisées, comme les Etats-Unis par exemple
(1).
(1) Nos éditions du 5 décembre 2005 |