Tromperie dans un document sur le climat
http://www.letemps.ch/template/societe.asp?page=8&article=236430
POLEMIQUE. L'Ofcom anglais dénonce un film qui nie les
causes
anthropiques du réchauffement.
Olivier Dessibourg
Mardi 22 juillet 2008
Ainsi donc, ce documentaire censé démonter «la
plus grande supercherie
de tous les temps», comme l'annonce son lancement, est en
soi une
tromperie. C'est du moins ce qu'a affirmé hier l'Office
des
communications (Ofcom), l'instance de régulation anglaise
des médias, à
propos du film The Great Global Warming Swindle.
Ce long métrage de 75minutes a été diffusé pour
la première fois le
8mars 2007 sur la chaîne britannique Channel4, connue pour
ses émissions
controversées, puis distribué dans 21pays et vu des
dizaines de milliers
de fois sur YouTube.
La thèse qui y est développée, à coup
de graphiques contestés ou de
chiffres considérés comme falsifiés: l'augmentation
des quantités de gaz
à
effet de serre depuis 1970 n'a pas été causée
en priorité par
l'utilisation de combustibles fossiles, mais par les océans,
les plantes
et les volcans. De plus, l'activité variable du soleil jouerait
un rôle
non négligeable dans l'augmentation des températures.
Plusieurs experts
- climatologues, économistes, politiciens - se relaient
alors pour
contester la conclusion largement admise par les scientifiques
que les
activités humaines sont la cause du réchauffement
climatique. Un
consensus présenté comme le résultat d'une «industrie
activiste motivée
par un besoin de financement de la recherche».
A la suite de la diffusion du film, 265 plaintes sont parvenues à
l'Ofcom, dont l'une de sir David King, conseiller scientifique
du
gouvernement, et une autre du Groupe d'experts intergouvernemental
sur
l'évolution du climat (GIEC).
Après quinze mois d'enquête, l'Ofcom a publié hier
son avis dans un
rapport que Le Temps a consulté. L'instance accepte les
remontrances de
sir David King, qui jugeait que ses dires avaient été déformés
sans
qu'il ait pu avoir un droit de regard final. Elle valide aussi
la
plainte de Carl Wunsch; cet océanographe du MIT (Boston)
estimait que
seules les bribes de ses propos qui soutenaient la thèse
du réalisateur
avaient été gardées.
Tradition de la polémique
Selon l'Ofcom enfin, dans la partie finale du film, qui concerne
les
politiques climatiques, Channel4 n'a pas rempli son devoir
d'impartialité et de présentation des divers points
de vue sur un thème
aussi important. Toutefois, le régulateur conclut aussi
que, «parce que
le lien entre les activités humaines et le réchauffement
[...] a été
é
tabli avant mars 2007», le documentaire ne pouvait pas «induire
le
public en erreur au point de lui causer des dommages ou offenses» -
une
condition pour que nombre des autres plaintes aient pu aboutir.
Dans sa défense, la chaîne se réfère à sa
tradition à programmer des
sujets polémiques. Elle a aussi vu dans ce film une contribution
utile à
un débat actuel, qu'elle assure avoir également nourri
d'émissions
accréditant les causes humaines du réchauffement.
Channel 4 devra
néanmoins présenter un résumé des conclusions
de l'Ofcom.
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