Journal du Monde :
Un cameraman passe 6 ans à la prison de Guantanamo: les Américains
savaient qu'il était innocent
http://www.yenoo.be/news+article.storyid+4169.htm
Posté par Nassira Ouali le 25/9/2008 23:53:09 (17 lectures)
Battu, humilié, nourri de force. Sami al-Haj a subi les
pires
traitements durant ses six ans d'emprisonnement au nom de la 'Guerre
contre la terreur' décrétée par George Bush
au lendemain des attentats
du 11 septembre. Tout cela alors que, selon lui, l'armée
US lui avait
signifié, peu de temps après son arrestation, qu'elle
savait qu'il était
innocent.
Pourquoi alors ces six années de calvaire, loin de sa femme
et de son
enfant ? Pour qu'il accepte de faire office d'espion. Ce qu'il
a
toujours refusé, nourri par sa conscience de journaliste.
Le quotidien
anglais 'The Independent' a relaté aujourd'hui le récit
de Sami al-Haj,
depuis son arrestation arbitraire jusqu'à aujourd'hui où,
libre mais se
déplaçant avec une béquille à la suite
des mauvais traitements, il tente
de reconstruire en Norvège, à 38 ans, une vie brisée.
La cassure est survenue le 15 décembre 2001, trois mois
après les
attentats de New York. Sami, cameraman, et Sadah, journaliste,
tous deux
travaillant pour la chaîne arabe Al Jazeera, ont quitté la
capitale du
Pakistan Islamabad pour rejoindre Kandahar en Afghanistan. Ils
ne sont
pas les seuls, plusieurs dizaines de journalistes franchissent
la
frontière pour couvrir la guerre lancée par les Etats-Unis.
Mais voilà,
c'est sur Sami-pas-de-chance que le sort funeste se posera. Il
est
arrêté à la frontière, par ordre des
services d'espionnage pakistanais.
Un ordre bâclé sur lequel le nom est mal orthographié,
sur lequel la
date de naissance est erronée, sur lequel le numéro
de passeport est lui
aussi incorrect. Mais Sami est quand même arrêté.
Il a débuté son voyage en enfer à la grande
base américaine de Bagram où
son avion a atterri. "Ils nous ont poussé hors de l'avion.
Ils m'ont
frappé et mis à terre sur le tarmac. Nous entendions
des cris et des
chiens aboyer. Je me suis effondré avec ma jambe droite
sous moi, et
j'ai senti les ligaments se déchirer. Les soldats ont commencé à marcher
sur moi. D'abord sur le dos puis, quand ils ont vu que je regardais
ma
jambe, ils ont commencé à frapper ma jambe. Un soldat
a crié sur moi:
'Pourquoi es-tu venu combattre des Américains ? Tu as filmé Ben
Laden".
Après 16 jours passés à Bagram, Sami, sac
noir sur la tête, a été
transféré à la base US de Kandahar. Même
procédure d'accueil: les
soldats ont marché sur les prisonniers. Une nouvelle série
d'interrogatoires, après ceux de Badram, a débuté: "Qui
est le
prisonnier le plus respecté ? Qui a tué Massoud,
le rebelle afghan
anti-taliban ?" Mais Sami n'a rien à dire. Il devrait: "Coopère
avec
nous et tu seras libéré" lui a dit un soldat.
Le 13 juin, soit six mois après son arrestation, Sami al-Haj,
est arrivé
à
la tristement célèbre prison de Guantanamo. En guise
d'accueil, il a
reçu un message d'espoir lors de son premier interrogatoire: "Vous êtes
ici par erreur. Vous allez être libéré. Vous
serez le premier à être
libéré" lui a-t-on dit en lui montrant une photo
de son fils extraite de
son portefeuille. Sami passera plus de six ans à Guantanamo...
Six ans
au cours desquels il refusera obstinément de travailler
en tant
qu'espion. "Il m'a dit: 'Ton job est d'empêcher des
choses d'arriver. Tu
pourras avoir la citoyenneté américaine, nous rechercherons
ta famille,
vous aurez une villa aux Etats-Unis, ton fils sera bien instruit,
tu
auras un compte en banque".
Sami al-Haj subira plus de 200 interrogatoires au cours desquels
on lui
proposera notamment d'infiltrer Al-Qaida. Après les interrogatoires,
des
gardiens US l'ont souvent frappé. Il fut mis deux ans dans
un bloc
d'isolation.
Finalement, au mois de janvier de l'année dernière, à bout,
le captif a
démarré une grève de la faim. Il restera trente
jours sans s'alimenter.
Avant qu'il ne soit attaché à une chaise et ne soit
nourri de force,
gavé avec un long tube s'enfonçant dans son estomac.
La même succession
d'événement se reproduira souvent. Sami affirme qu'au
total il aura
complété 480 jours de grève de la faim.
Sa santé ne cessera de se détériorer et finira
par obliger les décideurs
à
le libérer. Les interrogateurs tenteront une ultime fois
de le
convaincre de travailler pour eux. "J'ai dit non et je les
ai remerciés
pour leurs années d'hospitalité et pour m'avoir donné la
chance de vivre
parmi eux comme un journaliste". Les interrogateurs lui ont
dit "Nous
sommes sûrs à 100% que Ben Laden rentrera en contact
avec vous..."
Sami al-Haj a retrouvé sa femme et son fils, Mohamed âgé de
8 ans. La
dernière fois qu'il l'avait vu, il avait 14 mois... Sami
a également
retrouvé son travail à Al Jazeera. Il n'a jamais
reçu la moindre excuse
des autorités américaines. Il dit ne pas s'attendre à en
recevoir...
RTL Info/Yenoo monde
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